Pendant la grossesse, le développement du fœtus peut être impacté par l’exposition de la mère à des polluants de toute nature.
Pourquoi ? Parce que le placenta n’agit pas comme barrière aux produits toxiques.
Outre les recommandations systématiquement indiquées aux futurs parents lors de la grossesse (concernant l’alimentation, le tabac, l’alcool, les huiles essentielles ou encore les animaux domestiques), d’autres démarches peuvent être bénéfiques.
L’objectif : limiter l’exposition du fœtus à la pollution et aux produits chimiques et toxiques, quel que soit le stade de la grossesse.
Le cabinet Kaizen Avocat souhaite contribuer à ce que chacun.e soit en capacité d’agir pour la préservation d’un environnement sain pour les générations actuelles et futures.
C’est pourquoi nous vous proposons cet article de synthèse des mesures pouvant être mises en place pendant la grossesse afin d’adopter une démarche préventive pour la santé de l’enfant à naître.
Toutes ces mesures peuvent être poursuivies après la naissance et tout au long de la vie, pour continuer à préserver la santé des enfants comme celle des adultes.
Nota Bene : vous l’aurez compris, ceci est un article de vulgarisation et ne constitue pas un article scientifique.
Quels produits et équipements peuvent être dangereux pour le fœtus ?
L’air intérieur serait 5 à 10 fois plus pollué que l’air extérieur.
La pollution de l’air intérieur et l’exposition à des produits toxiques proviennent de ce que nous consommons, amenons ou utilisons chez nous.
Il s’agit bien souvent de produits et équipements du quotidien : alimentation, produits d’entretien, objets, cosmétiques, textiles, plastiques, matériaux d’aménagement (peintures, colles…), équipements (meubles, ventilation, appareils à combustion…).
Voici une liste non-exhaustive des produits chimiques auxquels la population est exposée via la pollution de l’air intérieur :
- bisphénol A (présent dans les résines et plastiques des contenants alimentaires)
- phtalates (présents dans le PVC)
- parabènes (présents dans les cosmétiques)
- perfluorés PFAS (utilisés dans les revêtements anti-tâches et hydrofuges)
- pesticides (présents dans l’alimentation)
- PCB (présents dans l’alimentation)
Tous ces produits sont des perturbateurs endocriniens, c’est-à-dire des substances chimiques qui peuvent perturber le fonctionnement du système hormonal.
Les perturbateurs endocriniens sont nocifs même à très faible dose. Or, les fœtus y sont particulièrement sensibles, notamment pendant le premier trimestre de la grossesse, lors du développement des organes.
Des micro-plastiques ont également été retrouvés dans le placenta. Cela pourrait être à l’origine de perturbations hormonales et du système reproductif et impacter le développement de l’enfant.
D’autres substances chimiques toxiques sont présentes dans l’air intérieur, sans forcément figurer sur la liste des perturbateurs endocriniens.
Cet article vise à présenter 8 réflexes bénéfiques : il s’agit des principales précautions à prendre pour mener une grossesse saine et limiter les risques pour la femme enceinte et le foetus.
➤ Action n°1 : Aérer son logement pendant au moins 10 minutes par jour
Voici un réflexe utile à avoir en toutes circonstances : l’aération de son logement pendant au moins 10 minutes par jour, été comme hiver.
Le renouvellement de l’air permet de limiter l’accumulation de substances toxiques à l’intérieur de votre logement.
Le nettoyage régulier des poussières aide également à avoir une meilleure qualité de l’air intérieur.
➤ Action n°2 : Privilégier une alimentation fraîche et issue de l’agriculture biologique
Il est recommandé de consommer des produits d’origine biologique pour éviter d’ingérer des pesticides.
La consommation de produits frais, donc sans emballages, permet aussi de limiter son exposition aux perturbateurs endocriniens.
A noter que les PCB sont davantage présents dans les produits d’origine animale (viande, poissons, produits laitiers, œufs).
➤ Action n°3 : Limiter l’utilisation de produits d’entretien et privilégier les produits sans substance toxique
On peut limiter les risques d’exposition à des produits toxiques en réduisant le nombre de produits d’entretien utilisés et en choisissant des produits éco-labellisés et sans agents toxiques.
A éviter également : l’utilisation d’aérosols et de produits contenant des parfums synthétiques (lessive, bougies parfumées, encens…).
➤ Action n°4 : Minimiser l’utilisation de cosmétiques potentiellement toxiques et allergènes
Pendant la grossesse, vous pouvez supprimer ou limiter l’utilisation de teinture pour les cheveux, de vernis à ongles et de dissolvant, ou encore de produits présentés sous forme de sprays (déodorant, sprays coiffants…).
Il est également possible de limiter l’utilisation de cosmétiques et/ou de se tourner vers des produits cosmétiques d’origine biologique.
UFC QUE CHOISIR a étudié la composition de nombreux produits cosmétiques pour les classer selon la présence de produits toxiques et d’allergènes pour les femmes enceintes et les bébés.
Les résultats peuvent être consultés sur le moteur de recherche dédié.
➤ Action n°5 : Limiter ou supprimer l’utilisation de contenants en plastique, qui favorisent les transferts de substances toxiques vers les aliments
La migration des substances chimiques du plastique vers les aliments ou les boissons intervient principalement lorsqu’ils sont liquides, chauds, acides ou gras.
Pour éviter ce phénomène, les emballages et contenants en plastique peuvent être remplacés par des contenants fabriqués dans des matériaux inertes, comme le verre, la porcelaine ou l’inox.
A éviter : réchauffer de la nourriture dans du plastique.
➤ Action n°6 : Privilégier la réutilisation et prendre des précautions avec les objets neufs pour éviter l’émission de substances nocives
Lorsqu’ils sont neufs, la plupart des meubles et vêtements dégagent des substances toxiques dans l’environnement.
En cas d’acquisition d’un meuble neuf, il est généralement conseillé de stocker le meuble déballé dans une pièce bien ventilée pendant plusieurs jours ou semaines.
En cas d’acquisition d’un vêtement neuf, il est conseillé de le rincer plusieurs fois avant son utilisation.
Pendant la grossesse, il est préférable d’acheter des meubles d’occasion qui ont déjà fait l’objet d’une ventilation et qui vont donc moins émettre de substances toxiques.
Le nettoyage systématique des vêtements neufs peut également limiter l’exposition aux allergènes.
➤ Action n°7 : Faire réaliser des travaux de peinture par quelqu’un d’autre et éviter l’utilisation de produits contenant des solvants
Quel que soit le type de peinture utilisé, il est préférable que la femme enceinte quitte la pièce devant être repeinte pour y revenir si possible après séchage complet.
Dans tous les cas, il vaut mieux éviter l’utilisation de peintures contenant des solvants (composés organiques volatils) et la pièce doit être correctement aérée.
➤ Action n°8 : S’informer sur les préconisations (qui évoluent sans cesse)
Internet est une base de recherches et de renseignements très fournie. Vous pouvez y trouver beaucoup d’informations sur les risques associés aux substances que vous utilisez, ainsi que des conseils pour limiter son exposition.
Il est également possible de se renseigner auprès d’associations ou de collectivités qui s’engagent pour favoriser des grossesses saines.
Vous trouverez à la fin de cet article une liste de ressources utiles !
✅ Les associations et ONG
Certaines associations travaillent à promouvoir la diffusion de l’information sur les risques engendrés par l’exposition aux produits chimiques et toxiques pendant la grossesse.
- L’ONG WECF (Women Engage for a Common Future) a réalisé un travail important pour fournir aux futurs parents les informations concernant les risques associés à l’exposition aux polluants et substances chimiques pendant la grossesse.
Son site internet regorge de guides et de fiches pratiques dont chacun peut s’inspirer pour revoir ses habitudes.
WECF a aussi mis en place un projet intitulé « Nesting », en France et dans d’autres pays européens, qui vise à permettre aux futurs parents d’être mieux informés sur la pollution intérieure et ses risques.
Plusieurs ateliers en présentiel sont organisés dans toute la France, auxquels vous pouvez vous inscrire ici.
- La Fédération Nationale d’Education et de promotion de la Santé (FNES) est à l’origine d’une collection de guides “D-Co-Dé Santé”, dont un qui porte sur les risques liés aux perturbateurs endocriniens pendant la grossesse.
✅ Les collectivités publiques
Plusieurs collectivités s’engagent aussi pour favoriser une grossesse plus saine et donc pour une meilleure santé de l’enfant.
- Par exemple, l’Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine, a fait réaliser en 2016 un rapport intitulé “Pollution intérieure : risques sanitaires pour la femme enceinte et le jeune enfant”.
Ce rapport très complet contient un état des connaissances (en 2016) sur la toxicité de nombreux produits, des définitions et des fiches descriptives des polluants.
- La ville de Strasbourg a mis en place une « Ordonnance verte » qu’elle délivre aux femmes enceintes. Cette ordonnance permet d’accéder à des ateliers de sensibilisation aux perturbateurs endocriniens et à la distribution hebdomadaire de paniers de fruits et de légumes biologiques.
Une proposition de loi a été déposée par des députés en septembre 2023 pour étendre ce dispositif à toute la France.
- A Lyon, après la naissance, les crèches municipales fournissent des repas et goûters bio préparés à base de produits majoritairement locaux.
- Enfin, certaines collectivités sont signataires de la charte “Villes et territoires sans perturbateurs endocriniens” élaborée par le Réseau Environnement Santé (RES).
La liste des signataires peut être consultée sur le site du RES. Il est donc possible de se renseigner auprès des collectivités concernées pour connaître les actions mises en œuvre dans ce cadre.
➡ Vous pouvez également consulter notre article sur la « Maternité des avocates libérales : quels droits et démarches ? »
Que retenir ?
La grossesse est une période au cours de laquelle la future mère et le fœtus sont particulièrement vulnérables à l’exposition aux produits et substances chimiques et toxiques.
Ces produits et substances sont largement présents dans notre quotidien, à grande échelle.
Certaines substances chimiques présentes dans l’alimentation, les objets ou les équipements sont des perturbateurs endocriniens nocifs même à faible dose.
Pendant la grossesse, il est possible de limiter l’exposition à ces produits et substances en mettant en place un certain nombre d’actions préventives, visant à faire en sorte que le quotidien soit plus sain.
Voici 8 précautions qui seront utiles à toutes les personnes souhaitant vivre dans un environnement sain (liste non-exhaustive) :
- Aérer son logement pendant au moins 10 minutes par jour
- Privilégier une alimentation fraîche et d’origine biologique
- Utiliser des produits d’entretien sans agents toxiques
- Minimiser l’utilisation de produits cosmétiques potentiellement toxiques et allergènes
- Limiter ou supprimer l’utilisation de contenants en plastique
- Privilégier les objets d’occasion et prendre des précautions avec les objets neufs
- Faire réaliser des travaux de peinture par quelqu’un d’autre et éviter l’utilisation de produits contenant des solvants
- S’informer sur les préconisations auprès des bons interlocuteurs
Enfin, ces réflexes peuvent être à l’origine d’habitudes à prendre, bénéfiques pour la santé des enfants et des adultes !
Références
=> Ressources proposées par des associations & ONG
► Article de ZeroWaste France sur les micro-plastiques
► FNES, Guide D-CoDé Santé sur les perturbateurs endocriniens en périnatalité
► Ressources de l’ONG WECF, très engagée dans la promotion de pratiques saines pendant la grossesse via son projet intitulé “Nesting”, qui propose un site internet, des ateliers, des guides et fiches pratiques et des formations pour le personnel de santé et de la petite enfance :
- Description du Projet Nesting de l’ONG WECF
- Guide pratique sur la grossesse et l’exposition aux produits toxiques (en Anglais)
- Nombreux guides et fiches pratiques, dont : Guide sur les perturbateurs endocriniens, Guide sur les produits ménagers, Guide sur les cosmétiques féminins, Guide rénovation Décoration, Fiche pratique : Qualité de l’air intérieur et santé etc…
- Les contenants alimentaires : Article rédigé dans le cadre du printemps de la consommation responsable 2023
- Grossesse et alimentation : quelques conseils pour une grossesse saine
- Ateliers du Projet Nesting : ateliers en présentiel dans toute la France
► Réseau Environnement Santé & Département du Tarn : Ma maison sans perturbateurs endocriniens
=> Ressources proposées par l’Etat et les collectivités territoriales
► Site sur les “1000 premiers jours” : réalisé par le gouvernement et Santé Publique France, il contient plusieurs articles utiles pendant la grossesse : sur l’amélioration de la qualité de l’air intérieur, sur l’hygiène alimentaire pendant la grossesse entre autres
► Rapport “Pollution intérieure : risques sanitaires pour la femme enceinte et le jeune enfant” réalisé par l’Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine : état des lieux, définitions et caractéristiques des polluants
► Dispositif Ordonnance Verte à Strasbourg : permet aux femmes enceintes d’assister à des ateliers de sensibilisation aux perturbateurs endocriniens et de bénéficier de la distribution hebdomadaire de paniers de fruits et de légumes issus de l’agriculture biologique.
► Liste des collectivités signataires de la charte “Villes et territoires sans perturbateurs endocriniens”, disponible sur le site du Réseau Environnement Santé
=> Autres ressources utiles
► UFC QUE CHOISIR : Moteur de recherche sur la toxicité des produits de soin et les cosmétiques
► Grossesse et exposition aux produits chimiques par le CNRS (Prévention des risques chimiques)